Par "H" : l'affaire d'une nuit
Il lui expliqua que c’était l’affaire d’ une nuit. Mais elle était sceptique. Il s’attela à parler du doigté dont il allait faire preuve, de tous les ingrédients essentiels dont il allait user cette nuit et qui mettaient l’eau à la bouche rien qu’à les prononcer. Il parla de la douceur du feu indispensable. Elle ne voulait pas le croire n’ayant jamais eu l’occasion d’y goûter.
Il savait qu'elle était sur le point de céder.
Il avait promis de lui préparer une « Tangiya Marrakchia »
Je vous en donne la recette si vous voulez la préparer. Si vous habitez Paris, Bruxelles ou Strasbourg, essayez de trouver un bain turc chauffé au bois ou un four traditionnel marocain pour la faire cuire, ce sera l’affaire d’une nuit.. Comme vous n’en trouverez pas, vous serez obligés de venir goûter ce plat sur place à Marrakech. Je serai votre guide, promis.
Dans une jarre en terre cuite, vous mettez du jarret de bœuf avec : huile d’olive, safran pur, cumin, citron confit et gousses d’ail.
Vous recouvrez l’ouverture avec du papier de cuisson que vous scellez avec de la farine diluée en guise de colle.
Ce plat sera cuit à l’étouffée, la jarre enfoncée à moitié dans la cendre du feu d’un bain turc ou d’un four à pain traditionnel au feu de bois, en fin de journée une fois le feu éteint. La cuisson dure toute la nuit, en douceur jusqu’au matin.
C’est une recette du XIème siècle. La recette originale contient du beurre rance mais vous connaissez mon aversion pour le beurre et ses dérivés.
Je préfère ma tangiya plus soft à l’huile d’olive.
- L'Affaire d'une nuit de Henri Verneuil 1960